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15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 17:10

Lors de la bataille des Thermopyles, qui a opposé une alliance des cités grecques à l'Empire achéménide, les Perses étaient en nette supériorité numérique. Leur armée était dirigée par Artémise, une générale redoutable au service du dieu-roi Xerxès. Et pourtant, les défaites s’enchaînaient dans le camp perse. Exaspérée, Artémise a réuni ses généraux et leur a dit : « Trouvez-vous mes ordres si déraisonnables messieurs ? Est-ce qu’une victoire est trop vous demander ? Mon désenchantement me vient de ces hommes-là. Même entourée de dix mille d’entre eux, je suis seule. Je rêve de quelqu’un qui se tiendrait à mes côtés, en qui j’aurais confiance. » Ça parait tellement facile en songeant aux milliers d’hommes qui l’entouraient. Pourtant c’est extrêmement difficile d’élaborer une stratégie efficace quand on se mesure à un stratège aussi brillant que Thémistocle. Dans la même perspective, trouver une seule personne réelle paraît tellement évident quand on pense aux milliards de personnes qui pullulent dans la planète. Toutefois, cette tâche est plus alambiquée qu'il n'y paraît. Quelques-uns s'inventent une vie et s’attribuent des vertus qu’ils n’ont pas. Ils prennent goût au rôle dont il se sont emparé.  Mythomanes et usurpateurs, ils sont la psychopathie incarnée. Pour ne pas se faire repérer, ils se fondent dans la masse et se comportent normalement. Ils sont incapables de tisser des attachements émotionnels ou de sentir de l’empathie envers les autres. Ils sont très manipulateurs et peuvent facilement gagner la confiance des autres. Ils ont une drôle manière de penser. Ils réfléchissent juste aux conséquences positives de leurs actions, et omettent les négatives. Les études ont montré qu’ils sont plus rapides à proposer de l’aide en cas de besoin que les gens normaux. Pendant les deux tremblements de terre de 1995 et de 2011, la mafia japonaise connue sous le nom de « Yakuza » a fourni au peuple des produits de première nécessité (nourriture, eau, couvertures…) à un temps de réponse beaucoup plus rapide que le gouvernement japonais. À l’image des clans Yakuza, il y a tellement de gens qui essayent de redorer le blason. Mais la caque sent toujours le hareng. C’est difficile de se trouver un véritable ami, comme le précise Jean de La Fontaine dans l’une de ses citations : « Chacun se dit ami ; mais fou qui s'y repose, rien n'est plus commun que le nom, rien n'est plus rare que la chose. »

Elon Musk, l'homme le plus riche de la planète, ne l'est pas devenu par hasard. Inutile de citer toutes les qualités de cet entrepreneur d'exception, mais j’estime important de mettre en lumière sa méthode infaillible pour repérer ceux qui trichent sur leur CV. Il pose systématiquement la même question aux candidats pour vérifier s'ils n'ont pas menti sur leur CV. La question est : « Raconte-moi les plus grands problèmes auxquels tu as dû faire face et comment tu as fait pour les résoudre. » En demandant des détails précis sur quelque chose d'aussi personnel, Elon Musk réussit ainsi à démasquer les menteurs. En s’inspirant de sa méthode, chacun de nous doit mettre au point sa propre technique pour démêler le vrai du faux. Notre subconscient est un million de fois plus puissant et plus important que notre esprit conscient. 95% du temps, nous utilisons notre subconscient selon le docteur en médecine Bruce Lipton. À l’inverse de l’esprit conscient que nous parvenons à manipuler aisément, nous ne pouvons pas manipuler notre subconscient parce que nous ne pouvons pas le contrôler, d’où la beauté de la technique. Dalaï Lama dit : « Si tu veux connaître quelqu'un, n'écoute pas ce qu'il dit mais regarde ce qu'il fait. » Dans la même perspective, si tu veux connaître quelqu’un ne regarde pas ce que fait son esprit conscient, mais regarde ce que fait son subconscient. Je connais personnellement un jeune papa qui a inconsciemment exposé ses parents âgés et hypertendus au risque d’attraper le COVID-19 pour mettre ses enfants à l’abri de celui-ci. Ici, c’est le subconscient, et pas l’esprit conscient, qui a révélé que cette personne est prête à tout faire, quitte à sacrifier ses parents, pour sauver sa progéniture qui a d’ailleurs un meilleur pronostic si elle se retrouve infectée. Ce jeune parent fait l'opposé de ce qu'est représenté sur « Le Déluge », une peinture de Joseph-Désiré Court sur laquelle on voit une personne qui essaie de sauver son père, et qui ignore complètement sa femme et son fils, qui sont pourtant plus proches de lui. La mère représente la vie et le fils, l'avenir. Le grand-père quant à lui représente le passé auquel l'homme s'accroche en perdant ainsi à la fois sa vie et son futur. Dans des situations de ce genre, les masques tombent et le vrai visage d’une personne se manifeste. Il faut chercher dans le subconscient. Toutes les réponses se trouvent là. Généralement, il faut compter deux à quatre ans pour connaître complètement quelqu’un. Mais, il y a des notes éliminatoires qui permettent de couper les ponts plus rapidement. Par exemple, quelqu’un sain d’esprit n’épouse jamais une personne fumeuse ou buveuse, non parce que fumer ou boire est mal vu par la société, mais parce qu’un fumeur, sniffeur ou buveur n’a pas pitié de son corps. Il est incapable de prendre soin de soi-même. Comment pourrait-il prendre soin d’une autre personne ? Une personne qui gère mal ses dépenses n’est pas moins pire. Les gens qui portent des vêtements bon marché et qui conduisent des vieilles voitures ne sont pas des losers. Ils ont des familles à nourrir et pas une société à impressionner. Les vrais losers sont ceux qui se servent d’un téléphone qui vaut mille Euros pour consulter le solde de leur compte en banque débiteur le 5 du mois. On peut mesurer la qualité d’une personne par la fréquence avec laquelle elle change un équipement, tel qu’un smartphone par exemple. Plus vite une personne abîme un téléphone, plus vite elle a tendance à abîmer un partenaire à côté d’elle. Il a été prouvé que les gens qui utilisent des téléphones avec des écrans cassés affrontent mieux les problèmes et sont moins nerveux. Ce sont des perles rares qui acceptent les autres tels qu’ils sont, même si ces derniers se retrouvent brisés. Le « kintsugi » est une méthode japonaise de réparation des porcelaines brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or. Selon la culture japonaise, la beauté réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques. Il faut que nous trouvions une personne qui maîtrise le kintsugi afin de nous réparer avec de la jointure en or au lieu de nous jeter quand nous devenons, avec l’âge, imparfaits et atypiques. Avant de quitter le Japon, parlons un peu de « l'effet Tamagotchi » qui consiste à développer un attachement émotionnel avec des machines, des robots ou des agents logiciels. Je pense que l’effet Tamagotchi est l’inverse de la théorie mécaniste de Descartes et de son disciple Malebranche. Les deux philosophes comparent les êtres vivants à des machines. Ils n’hésitent pas à torturer des animaux et à assimiler leurs cris de souffrance à des grincements de machines. À l’autre extrémité, des gens s’attachent émotionnellement à des objets et s’interdisent de les torturer. Ceux qui prennent soin des objets inertes sont plus susceptibles de prendre soin des êtres humains qui sont animés par le souffle de Dieu. Ceux qui ont des animaux de compagnie chez eux ont plus de chance de réussir dans leur vie de couple parce qu’ils développent le sens de responsabilité très tôt. Ce n’est pas un hasard si un homme a trois fois plus de chances d’avoir le numéro de téléphone d’une femme s’il a un chien de compagnie avec lui. Quelqu’un qui veut s’engager dans une relation doit mettre toutes les chances de son côté, y compris la couleur du pull qu’il doit porter le jour du rendez-vous. Avant d’engager la conversation avec une femme, il est primordial de savoir se tenir. Une personne réelle est quelqu’un qui a un objectif bien défini dans sa vie. Les gens qui ont une vision ne trouvent pas le temps pour se chamailler. Citons l’exemple du combattant professionnel Jon Jones qui n’a jamais perdu jusqu'à aujourd’hui. Il a déclaré qu’il n’a pas de conquêtes extra-conjugales parce qu’il est concentré sur son entraînement et sa carrière. Adolph Hitler n’a jamais trompé Eva Braun parce qu’il avait une vision. Les gens en panne d’inspiration deviennent négatifs. Comme le dit Einstein, « ils ont un problème pour chaque solution. » Il faut éviter à tout prix une relation toxique de ce genre. Comme le dit Antoine de Saint-Exupéry : « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. » Une fois on se regarde l’un l’autre, la relation devient une sorte de maladie auto-immune, une guerre civile qui déchire le couple ou l’amitié de l’intérieur. Revenons à nos moutons : Comment reconnaître cette personne sans perte de temps et d'énergie, et sans s’exposer à une série de déceptions ? Il suffit d’observer son subconscient. Si tu veux véritablement connaître le cœur d'une personne, observe comment elle se comporte avec les gens qui ne peuvent rien lui apporter. Si elle t’invite au restaurant et s’efforce de choisir ses expressions et, puis d’un geste prompt, elle s’acharne sur le serveur, c’est que ça doit être une personne qui n’inspire pas confiance. Aujourd’hui, c’est le tour du serveur. Demain, c’est ton tour. Demande-lui quels sont ses objectifs personnels et professionnels à court, moyen et long terme et vérifie s’il y a vraiment un plan pour atteindre ces objectifs ou c’est tout simplement du bluff…

 

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23 novembre 2021 2 23 /11 /novembre /2021 18:37

« Au lieu d’acheter à tes enfants tous les biens matériels que tu n’as pas eu pendant ton enfance, tu dois leur apprendre des choses que tu n’as pas eu la chance d’apprendre. Le matériel s’use mais le savoir reste. » - Bruce Lee.

Comme le précise l'icône du cinéma d'arts martiaux, le rôle fondamental d'un parent est de faire en sorte que son enfant ait les meilleures armes pour affronter les épreuves de la vie.

Les parents confondent souvent gâterie et amour. Le fait de tout faire à sa place, de lui acheter et lui permettre tout ce qu’il veut n’est guère une preuve d’amour. Cela favorise la dépendance, entrave l’apprentissage de la tolérance aux frustrations et empêche le contrôle des impulsions. Si les enfants d’aujourd’hui s’ennuient à l’école et sont impatients, c’est parce que ce sont eux qui dirigent le monde. Ils dictent à leurs parents comment les éduquer. Ils savent très bien ce qu’ils veulent, mais ils ont du mal à réaliser ce qui leur est nécessaire pour atteindre leurs objectifs. Cela aboutit à des objectifs inaccessibles et à des enfants déçus et frustrés. Jean-Jacques Rousseau nous a avertis : « Si tu veux que ton enfant soit le plus malheureux des hommes, donne-lui tout ce qu'il veut. » Les parents doivent s'impliquer dans l'éducation de leurs enfants en partageant avec eux le temps des devoirs scolaires, mais s'investir ne signifie pas faire les devoirs à leur place. Surprotéger ses enfants, en les éloignant des éventuels obstacles, aura de lourdes conséquences plus tard. Les adolescents gâtés sont souvent nettement plus irritables que les autres. Ils n’acceptent ni critique, ni défaite. Face aux sanctions, ils réagissent avec agressivité et sans réfléchir. Ainsi, naissent les apprentis délinquants. Il faut plutôt leur interdire, dès leur plus jeune âge, certaines choses pour qu’ils connaissent les limites et apprennent à gérer la frustration. Plus tard, ils respecteront les conventions sociales et suivront les règles. Il faut assister son enfant, mais il faut aussi l’encourager à travailler de la façon la plus autonome possible, pour qu’il puisse maîtriser les problèmes au quotidien et construire une bonne estime de soi. Les obstacles ne bloquent pas le chemin. Ils sont le chemin.

Sur cette photo, on voit deux hommes totalement calmes attendant que la crise de colère de la fille passe. Les deux hommes sont le père et le grand-père de la fillette de deux ans, qui a pris l'habitude de se jeter par terre et de faire une crise de colère au milieu du centre commercial. Aucun des deux hommes ne perd patience, ne la gronde et ne lui crie dessus. Ils attendent juste tranquillement.  Ils ne lui donnent pas ce qu'elle veut, ils la laissent simplement exprimer ses émotions, en l'occurrence sa colère de ne pas obtenir ce qu'elle veut. Personne n'a honte du spectacle que donne la petite fille.

Les propres mots du père lors de la publication de cette photo expliquent tout :

« Ce post parle d'une chose et d'une seule. Être à l'aise dans l'inconfort. Il n'y a pas de parents parfaits, mais une chose que le mien m'a apprise était de ne pas être un père basé sur ce que les autres pensaient. Mon père m'a toujours laissé ressentir ce que j'ai besoin de ressentir, même si c'était en public et même si c’était embarrassant. Je ne me souviens pas qu'il m’ait dit : « Tu m’embarrasses ! » ou « Ne pleure pas ! » Ce n'est que récemment que j'ai réalisé à quel point cela était important pour mon propre développement émotionnel. Nos enfants apprennent, traitent tellement d'informations et ne savent pas quoi faire avec tous ces nouveaux sentiments qui apparaissent. » 

Apprenons à nous sentir à l'aise dans l'inconfortable. Apprenons à gérer les crises de colère de nos enfants avec patience et tranquillité. Les enfants ne sont enfants qu'une seule fois dans leur vie. Apprenons à leur dire « non » pour les aider à se construire et à gérer leurs émotions.

 

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16 octobre 2017 1 16 /10 /octobre /2017 12:44

« Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine, en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas acquis la certitude absolue »1.

Ça n’arrête pas, jamais. Tout passe et repasse et c’est toujours l’impasse. L’Homme commet les mêmes conneries, les mêmes erreurs, se comporte de la même manière stupide et s’attend à un résultat différent. Si ce n’est pas de la folie, c’est forcément de l’idiotie. La sottise et la bêtise sont la propriété de l’Homme. Elles lui sont propres. Or « la vie est une si bonne maîtresse que si quelqu’un n’apprend pas la leçon, elle la lui répète »2 et « celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre »3.

La cupidité, l’avidité, la volonté de posséder davantage, d’abattre les autres pour mieux vivre, l’insatiété qui éteint les esprits et allume la cruauté, le conflit d’intérêts, la loi du plus fort, l’égoïsme et l’égocentrisme, le cannibalisme et le sadisme, et toute sorte de perversion et de distorsion sont les traits majeurs de l’humain. Et oui, il n’existe aucune bête plus brutale que l’Homme, une créature parfaite dans sa sauvagerie, un méga-parasite qui marche dans le sillage du diable. Unique en son genre, il est doué de cette extraordinaire faculté de trouver une myriade d’alibis pour justifier ses torts et ses injustices. Il s’est autoproclamé la créature la plus intelligente de la planète. Pourtant, il lui suffit juste de jeter un coup d’œil sur les chauves-souris, de piètres êtres qui pratiquent l’altruisme réciproque. Si une chauve-souris n’a pas trouvé de la nourriture, elle sollicite les autres qui se la partagent. En outre, si une chauve-souris devient orpheline, elle sera adoptée par les autres chauve-souris de la colonie. Si tous les humains étaient unis, personne ne souffrirait d’un mal-être amer comme chicotin. Imaginons ce que John Lennon nous a demandé d’imaginer avant que ses lunettes ne soient tombées, tachetées de sang, sur la scène de crime. Il a appelé le monde à ne pas s’entretuer pour vivre en paix. Ironie du sort ! Il fut chassé de ce monde, criblé de balles. Pareil pour Malcom X et Martin Luther King, condamnés à ne vivre que trente-neuf printemps. « Pour se faire des ennemis dans ce monde, ce n’est pas la peine de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l'on pense »4.
L’Homme est l’ennemi de ce qu’il ignore. En fait, l’équation est très simple : « l'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence »5. La phobie, c’est la peur mais le suffixe phobie signifie aussi la haine. La crainte et la haine de l’autre sont étroitement liées. Dans ce contexte, sont nés les lexiques « xénophobie », « islamophobie », « christianophobie », …

« On récolte toujours ce que l’on sème »6. Les parents procréent des enfants à leurs images et les enfants sont prédestinés à reproduire les schémas parentaux. « La liberté n’est que les cinq premières minutes après la naissance, quand nous avons pleuré nus, sans nom, sans péché, sans orientations et surtout sans rancune humaine. Par la suite, ils décideront de notre destin à notre place. Ils nous choisiront un nom, une nationalité, une religion et une secte et nous passerons toute notre vie à combattre et à défendre, avec tant d’idiotie, des causes qui ne sont pas les nôtres »7.  Les cartes politiques sont des lignes virtuelles établies par les seigneurs pour délimiter les granges humaines. Ces seigneurs ont attribué à ces terres un nom : « patries ». Sans te poser de questions, quand le devoir t'appelle, il faut que tu répondes. Arme-toi et défends ta patrie quitte à sacrifier ta vie. C’est ce qu’ils ont appelé « patriotisme ». Le concept est vieux. Jadis, les esclaves défendaient leurs granges dans un monde partagé par les « dǒmǐnus ». Aujourd’hui, leurs richesses, soldes, banques, actions et entreprises ne prennent en considération aucune frontière. Alors que toi, esclave moderne, on t’attribue un nom, une nationalité, un passeport, et un drapeau exactement comme ils ont teint autrefois les moutons pour reconnaître leurs propriétaires. Depuis l’aube de l’humanité, ces cartes sacrées ont toujours changé et rien n’explique leur sacralité que cette poignée de maîtres qui la détiennent et qui nous immiscent dans un combat qui n’est pas le nôtre. « Le nationalisme est une maladie infantile. C’est la rougeole de l’humanité »8. Selon Confucius, « ce qui distingue le paradis de l'enfer ce n'est pas l'abondance du riz, mais le partage de la cuillère »9. Lorsque nous éliminons les frontières entre les humains et nous annonçons que la terre, et tout ce qu’il y a dessus et dessous, est un héritage commun entre tous les citoyens du monde, nous n’aurons plus besoin ni de guerres ni d’armées puisque notre patrie sera la planète bleue entière. C’est notre environnement naturel et vital. Il s’agit d’un tout petit point bleu suspendu dans l’espace d’un univers infini. Nous espérons un jour nous réveiller le matin et, en regardant les infos à la télé, entendre la présentatrice dire : « Aujourd’hui, il n’y a rien de spécial. Tout le monde va bien. Passez une bonne journée ». Trop beau pour être vrai étant donné que « HOMO HOMINI LUPUS EST» ; cette locution latine signifie «l’Homme est un loup pour l’Homme»10. Il est le pire ennemi de son semblable. « En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils »11. La guerre, cette sempiternelle malédiction qui fauche les vies, est la fille illégitime de la convoitise mariée à l’instinct de domination, un trait de caractère profondément ancré dans l’inconscient de l’Homme qui domine déjà les autres créatures. Massacrer des dauphins, inciser des crocodiles, décorner un rhinocéros ou estoquer des taureaux, ne fait que lui mettre l’eau à la bouche pour supprimer son congénère. Qu’il soit plus pauvre, plus arriéré, plus naïf, de couleur plus foncée, tant qu’il est différent, il est une cible à éliminer, une embûche à écarter de son chemin, une source d’ennui à gommer et à rayer de la carte et « tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces. » 12 Le décès du célèbre matador Ivan Fandiño endeuillait tout le monde alors que la tuerie des taureaux ne souciait personne. Comme elles sont abominables les larmes des crocodiles ! L’ambassadrice d’Israël à l’UNESCO demande aux délégués de se lever pour participer à une minute de silence pour les morts de l’Holocauste. Et les milliers de Palestiniens exterminés par Israël, ne sont-ils pas des êtres humains ? Comme elles sont abominables les larmes des crocodiles !

« La mort d’un homme, c’est une tragédie ; la mort d’un million d’hommes, ce n’est qu’une question de statistique »13. Au lieu d’exprimer ses condoléances aux familles des victimes de Porto Rico, le président des Etats-Unis Trump avait tendance à minimiser l’impact de l’ouragan Maria en le comparant à l’ouragan Katrina qui a ravagé la Louisiane en 2005. « Vous avez seize ou dix-sept morts, ce n’est rien devant les centaines de vies prises par une « vraie » catastrophe. Alors les Portoricains, estimez-vous chanceux ! »14. Tant qu’il n’est pas considéré un des nôtres, sa mort ne nous signifie absolument rien. D’ailleurs, la première ministre de Bengladesh a bien fait de ne pas demander de l’aide à Donald Trump puisqu’il n’est guère inquiété par l’affaire des Rohingyas, cette minorité musulmane en Birmanie décimée non seulement par les moines bouddhistes fondamentalistes, mais aussi par l’Etat Birman. « Ils ne sont plus une minorité désormais, il faut les chasser de nos terres. Sinon, ils vont prendre le dessus sur notre religion »15. A chaque prêche, ce discours de haine est régurgité par le prêcheur intégriste.  Une telle radicalité rejette viscéralement les notions de tolérance et de cohabitation. Pour survivre dans ce maudit monde, il faut faire partie de la majorité, se fondre dans la foule comme le sel dans l’eau et maîtriser l’art du suivisme en agissant comme un mouton de Panurge. Les minorités ont été et resteront toujours les souffre-douleurs des « masses ordinaires ». Insultes, stigmatisations, menaces de mort, violences, … tels sont les instruments des bourreaux fanatiques.

Bien que le « KYOKUSHINKAI », locution japonaise signifiant « l’école de la vérité ultime »16 existe, une vérité absolue n’existe pas. Tout est relatif. La perle qui représente un trésor pour l’Homme n’est qu’un fardeau pour l’huitre. Chacun voit midi à sa porte. C’est une question de perspective. Beaucoup plus de musulmans ont été tués par Daech que par des sionistes. « Nous ne pointerons pas une arme sur les Tunisiens qui nous ont libéré des prisons »17, a dit un jour Abou Iyadh, le leader des salafistes djihadistes. Bas les masques ! « Si tu veux connaître quelqu’un n’écoute pas ce qu’il dit, regarde ce qu’il fait. »18 L’ingratitude coule dans les veines de l’humain. Le roi Lamine Bey a rapproché le militant Bourguiba du cercle du pouvoir. Ce dernier lui a promis de ne pas toucher à son trône jusqu’à la fin de ses jours. Une fois le pouvoir en main, Bourguiba a vite fait d’arracher au bey son costume royal et de l’assigner à résidence dans un palais presque en ruine, devenant plus tard une prison pour femmes à la Manouba. Trente et un ans plus tard, tel un arroseur arrosé, Bourguiba connaît le même sort que son prédécesseur. Derrière le visage anodin d’un premier ministre timide et peu éloquent, se cache un loup ingrat et avide de pouvoir. « Ben Ali Baba » a détrôné Bourguiba et a fait de la Tunisie un savoureux gâteau à partager entre les deux clans « Ben Ali » et « Trabelsi ».  « Aux élections prochaines, votez pour Ali Baba. Au moins vous serez sûrs de n'avoir que quarante voleurs »19. Le président Libyen Kadhafi a prétendu qu’il était le chef d’une révolte, qu’il n’avait aucun poste pour démissionner et que la Libye, un Etat des masses, était gouvernée par le peuple. Hélas ! Tous les Libyens savaient que la mainmise sur les rouages de la Libye était réservée à Kadhafi et à sa descendance. Tout au long de son règne, Bourguiba s’est vanté de ne rien avoir volé à l’État et qu’il ne possédait aucune parcelle de terrain, où la main ne passe et repasse, immatriculée à son nom. On a beau croire quand on sait que le président déchu a vécu le reste de ses jours aux frais du contribuable. Or la vérité est toute autre. Le cimetière de Monastir, aménagé dans les années quatre-vingt, a coûté plus que vingt milliards de millimes. Les festivités de son anniversaire duraient plusieurs semaines et sa famille gaspillait l’argent à tort et à travers. Nul ne défend le vol, un crime affreux, qui ne plaît à personne. Il est clair qu'il y a deux poids, deux mesures dans la lutte contre la pègre.  Les apprentis voleurs n’ont que deux choix dont le plus doux est amer : soit crever de faim soit être battu à mort ou brûlé vif en public via la « mob justice », une justice populaire courante en Afrique noire. En contrepartie, les voleurs cravatés sont indemnes. Ils croquent la vie à pleines dents grâce à un argent mal acquis. Corruption, malversation, détournement de fonds, pot de vin, prise illégale d’intérêts, les serments prêtés ; autant en emporte le vent. Aujourd’hui, le monde est encore gouverné par la vieille « Loi de Saxonia »20, une justice moyenâgeuse pratiquée par Saxonia, une province Allemande, qui consiste à exécuter un criminel s’il est issu des origines modestes et décapiter l’ombre du criminel s’il fait partie de la classe des nobles. Quand tu tues une personne, tu es un criminel, quand tu tues une vingtaine tu es un terroriste ; mais quand tu tues un demi-million de personnes tu es un président salué et honoré par l’opinion internationale. Comme elles sont abominables les larmes des crocodiles ! On est dans une société où l’hypocrisie bat son plein.
Evidemment, nous ne connaissons pas les XHOSA. Ça ne nous dit rien. Il s’agit d’une tribu Sud-Africaine reculée et isolée qui a montré plus d’humanité et de sagesse que notre prétendue civilisation d’hypocrites. En fait, un anthropologue a proposé un jeu aux enfants de cette tribu qui consiste à faire une course et celui qui arrive le premier remporte son prix ; un panier plein de fruits délicieux. Et lorsque le signal est donné, tous les enfants se sont donné la main et ont couru ensemble pour franchir, contre toute attente, simultanément, la ligne d’arrivée et profiter ensemble de la récompense.
À sa grande surprise, l’anthropologue demande aux enfants pourquoi ils ont agi ainsi. Ils ont répondu : « UBUNTU » et ça veut dire : « Je suis parce que nous sommes »21. Et oui, « Comment l'un d'entre nous peut-il être heureux si tous les autres sont tristes ? »22. Plusieurs expériences sociales ont montré que les plus démunis et les Sans Domicile Fixe sont les plus généreux. En temps de guerre, alors que les lois sont muettes, la solidarité des citoyens parle. En temps de paix, l’Homme devient un éternel insatisfait. L’avidité l’a aveuglé. Il est victime de sa propre invention ; une société de consommation où les plus nantis ont le plus d’importance. Plus on est riche, moins on a de morale. Mais, que faire avec l’éthique quand l’argent est le Dieu du vingt et unième siècle ?

---Références bibliographiques---

1 citation d’Albert Einstein, un physicien Allemand

2 citation de Ricky Martin, un chanteur Portoricain

3 citation de Karl Marx, un philosophe Allemand

4 citation de Martin Luther King, un militant des droits de l’homme Américain

5 citation d’Averroès, un philosophe Andalou

6 proverbe biblique

7 citation de Maxime Gorki, un écrivain Russe

8 citation d’Albert Einstein, un physicien Allemand

9 citation de Confucius, un philosophe chinois

10 citation de Plaute, un écrivain Latin

11 citation de Hérodote, un historien grec

12 citation de Jean-Paul Sartre

13 citation de Joseph Staline, un homme d’État Soviétique

14 parole de Donald Trump, un homme d’Etat Américain

15 parole d’Ashin Wirathu, un moine Birman

16 école de karaté fondée par Masutatsu Ōyama

17 promesse d’Abou Iyadh, leader de mouvement djihadiste Ansar al-Charia 

18 citation de Dailaï Lama, un tülkou Tibétain

19 citation de Jean Lefèvre d'Ormesson, un écrivain français

20 vieille loi, parmi les plus injustes à l’époque médiévale

21 citation des enfants Xhosa

22 citation des enfants Xhosa

 

 

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:56

Chaque attaque terroriste est appariée à un échec. Qui en est vraiment responsable ?

Politique de l’autruche, défaillance sécuritaire, erreurs tactiques et stratégiques, pullulation extrémiste et autres gros titres qui font la une des journaux, c’est ce que disent les experts, ces stars de dernière minute, véritables profiteurs de crise. Au point d’orgue, ils sucent avec avidité le sang des victimes qui coule encore. Et oui, quand le vin est tiré, il faut le boire. À qui profite le terrorisme ? L’assiette au beurre revient en partie à ces mages, ces grands clercs autoproclamés qui surgissent par monts et par vagues. Ça se bouscule au portillon au prime time. Chacun veut mettre son grain de sel dans des plateaux télévisés douteux, un passage obligatoire pour se construire un réservoir électoral. Ils se prennent pour le messie et profèrent des laïus monotones et discordants. Leurs analyses décontextualisées et peu plausibles doivent être prises pour parole d’Evangile par le misérable peuple. Ils veulent rouler l’opinion publique dans la farine afin de redorer leurs blasons et d’avancer leurs pions sur l’échiquier politique. Ils mettent, sans scrupule, le nez dans les affaires de la grande muette alors que dans la logique des choses, chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

Certes, le terrorisme n’est pas un épouvantail. Il y a de quoi se faire un mouron. Les cellules terroristes sont comme les cellules tumorales. Elles faisaient autrefois partie de nos corps, avant de se métamorphoser en une véritable menace. La nation musulmane est plus clivée que jamais. Les guerres intestines entre les principales branches musulmanes ne font qu’exacerber le clivage. Les terroristes ont choisi le vandalisme comme devise : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

L’écrasante majorité des intervenants sur le sujet du terrorisme optent pour l’alternative sécuritaire musclée qui s’avère, au ras de pâquerettes, un remède de bonne femme. Mettons en lumière les vraies raisons du terrorisme. Personnellement, j’estime que la responsabilité de prolifération de ce fléau doit être, en partie, adossée par la gent féminine, qui a montré d’énormes signes de faiblesse face au barbarisme. En fait, le fardeau doit être épaulé par les parents, notamment la maman. L’amour maternel est, par définition, inconditionnel. La mère est l’être le plus proche de son enfant. Tel un avocat partial, elle défend, tout le temps et en toute circonstance, la pupille de ses yeux. La mère ne délaisse pas son fils quel que soit ses erreurs. Lorsqu’un délinquant est rejeté par la société, il ne lui reste qu’un dernier refuge ; les bras de sa mère bien-aimée. Par instinct, elle lui vient toujours en aide et le soutient jusqu’au bout. Les femmes, selon Freud, sont du côté de l'Éros et non pas du côté de la mort. Elles ont établi la base de la civilisation grâce aux exigences de leur amour. Elles ne sont pas seulement porteuses de la continuité humaine, mais elles soutiennent aussi les intérêts de la famille. La « Déesse Mère », qui incarne l’affection et la générosité, est supposée donner l’exemple à son petit en lui transmettant la douceur, la pitié et l’empathie, des valeurs dont le terroriste est foncièrement démuni. Où est passée cette tendre mère qui doit normalement anticiper les besoins de son enfant, notamment le besoin de s’exprimer ? Ne doit-elle pas être à l'écoute de son enfant ? Ne doit-elle pas être à l'affût de son moindre pas ? Une maman, n’est-elle pas une si importante source de bonheur qu’un enfant ne peut en aucun cas la perdre de vue plus qu’une journée ? La mère a pour mission d’attendrir le cœur de son fils, de l’irriguer de philanthropie et d’humanisme. Elle doit continuellement injecter l’amour d’autrui dans l’esprit jeune de son fils, qui d’ailleurs reste un enfant, quel que soit son âge, jusqu’au décès de sa mère. Le terroriste a une personnalité macabre et sanguinaire. Une fois le cerveau lavé, son cœur coriace se remplit de haine et de rancune. Jour après l’autre, à l’insu de sa mère qui échoue clairement dans sa mission d’éducatrice, le terroriste se renferme sur lui-même et nourrit à petit feu sa soif de sang jusqu'au point de non-retour. Entre-temps, sa mère est aux abonnés absents. Elle s’avère incapable d’adoucir son cœur de pierre. À un certain moment, elle ne contrôle plus la situation qui dégénère. L’enfant qu’elle a fabriqué de toute pièce devient méconnaissable après avoir coupé la corde émotionnelle qui l’attache à sa mère. Il rompt unilatéralement le contrat moral qui l’unit à sa déesse et piétine tous ses enseignements.

Manquant d'intuition, la mère, qui ne voit pas venir la catastrophe, excelle dans l'art de rejeter la faute sur les autres. Lorsqu’elle se rend compte de la radicalisation de son fils, elle reste dans le déni et prétend que son fils était un ange alors qu’il était un intégriste en préparation. Elle culpabilise sévèrement le tentaculaire réseau de recrutement des djihadistes. Aucune maman n'ose avouer qu'elle a failli à sa mission de mère. Aucune mère n’admet que son fils a appris la violence dans ses bras et qu’il s’est initié à l’agressivité sous ses yeux. Lorsqu’elle décide de ne pas faire la moindre concession pour sauver son foyer, lorsqu’elle entame d’interminables scènes de ménage avec son époux, elle ignore l’impact psychologique énorme de ces disputes sur son enfant. Le déséquilibre familial est l’ingrédient principal dans la recette de fabrication d’un extrémiste. De ses parents, l’apprenti terroriste apprend ses premières leçons. L’agressivité se développe également lorsque la mère réprime énergiquement les désirs de son fils et s’oppose impitoyablement à ses volontés sans donner des explications. Bref, lorsqu’un homme perd le fin fil qui le lie à sa maman, il perd le nord. Déboussolé, il devient une menace sérieuse pour la société quel que soit l’appellation : infraction de droit commun, trouble à l’ordre public, délits commis en bande organisée… Le terrorisme n’est qu’une des facettes d’un sombre précipice qui engloutit une jeunesse fortement imprégnée par des idéaux venimeux, sournois et vicieux. Lorsqu’un jeune intègre un réseau terroriste, une bombe à retardement a été déclenchée. Tôt ou tard, cette bombe finira par exploser. Il faut juste attendre le temps qu’il faut pour que le venin fasse son effet. Un malheur s’abattra subitement sur des civils innocents sans alerte préalable.

Une attaque terroriste est généralement perpétrée par un commando d’individus de sexe masculin. Rares sont les incidents qui impliquent le genre féminin. La testostérone, l’hormone de l’agressivité, est plus présente chez l’homme que chez la femme. En s'injectant de la drogue, l’agressivité du terroriste décuple et ça lui procure un sentiment de force sans commune mesure. Le psychotrope lui donne l’impression d’être tout puissant, d’être le roi du monde. Le médecin perçoit la mort d’un patient comme étant un échec. La radicalisation d’un jeune est aussi un échec de société. Un homme est censé connaître les bras d'une femme avant de mourir. Avant tout, le jeune est un cœur à prendre. S’il choisit d’être un candidat aux attaques-suicides, c’est parce qu’aucune fille ne lui a appris à aimer la vie sans devoir y trouver un sens. Aucune belle n’est parvenue à posséder son cœur, ne lui a donné des ailes, ne lui a fait vivre un conte de fées, d’où sa part de responsabilité. La belle doit dompter le monstre, tempérer ses ardeurs, l’aimer tel qu’il est afin qu’il trouve son compte dans les codes de la société et pas dans les promesses du terrorisme, des promesses qui ne seront jamais tenues. Si l’ascenseur social est en panne, il faut prendre les escaliers. En les montant à deux, on met plus de temps mais on finit toujours par arriver. La vie est faite de hauts et de bas. Un jeune est susceptible d'avoir un épisode dépressif au cours de sa vie. Il peut se décourager, se replier sur soi-même et vivre un mal-être profond. Il est tout à fait possible de rebondir après un passage à vide grâce à l’effort d’une fille. Une seule fille peut guérir un chagrin d’amour. Elle a la capacité de faire sortir quelqu’un de sa mauvaise passe. Elle peut arrêter net un futur monstre et le remettre sur le droit chemin. En se faufilant entre les fissures d’un cœur brisé, elle peut guérir les maux par des mots. Ainsi, les morceaux sont recollés et la structure psychologique d’un jeune en détresse est renforcée avant qu'elle ne s'effondre.

Un adolescent négligé par ses parents par mégarde ne doit pas échapper à la vigilance des filles de son âge. Une âme suffit à lui donner confiance en soi et à lui faire comprendre que le monde a encore besoin de lui, qu’il est trop tôt pour partir, qu’il y a tant de vie à découvrir et tant de bonheur à venir.

Entre une mère bienveillante et une bien-aimée attentionnée, un masculin peut s’épanouir et adopter des positions modérées sans recourir à la violence. Ainsi, la société échappe à l’horreur des attentats terroristes.

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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 19:12

Le lien de la vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=93wGaGFUnTs&feature=share

Cette vidéo me fascine. Elle donne libre cours à mon imagination qui se noie dans un tourbillon de questions. Qui détient vraiment la vérité ? Qui a tort ? Qui a raison ? À qui appartient ces terres ? À côté de la prestation acoustique impeccable, où il n’y a rien à reprocher, l’image est très expressive ici. On peut voir, d’un côté, un Indien titulaire d'un droit ancestral, et, de l’autre côté, des Blancs qui ont confisqué de force les terres de ses ancêtres. Tout le monde connait la Conquête de l’Ouest, cette guerre aux feux mal éteints. Avides de richesses, les conquistadors ont débarqué sur les rives du Nouveau Monde, à la quête d’une « Terre promise » où coulent le lait et le miel. Ils n'ont pas trouvé l'Eldorado, mais ils ont arraché aux Incas et aux Chibchas des monceaux d'or. Cinq siècles de massacres, d’exploitation, de négation durant lesquels les autochtones ont été dépossédés de tout, de leurs terres, de leurs cultures et de leurs langues qu’il leur fut quasiment interdit de parler. Les peuples du soleil qui aimaient la vie et la paix s’inspiraient de la « Pachamama » pour jouer des airs rythmiquement complexes, mais beaux à couper le souffle. Dans cette scène, on voit le très distingué compositeur de la musique amérindienne Alexandro Querevalú. Né à Lima, au Pérou, et émigré en Pologne à 18 ans, il est résolument dans l'ancien camp. Vêtu du costume des tribus amérindiennes, flûte à la main, il interprète un air émouvant de la musique indigène de l'Amérique du Nord. Le spectacle est grandiose. Plein de vie, le jeune musicien dégage beaucoup d’émotion avec son cri de cœur. Le titre annonce bien la couleur. « The Last of the Mohicans » est un morceau qui transperce le cœur. C’est aussi une façon de plaider la question indienne autre que le mouvement « Red Power ». Il y a quelques siècles, le major-général Sheridan a pris la direction des guerres indiennes. Sa formule apocryphe : « Un bon Indien est un Indien mort » reflétait l’état d’esprit dominant chez les Étasuniens de l’époque qui ont renoncé à civiliser ou assimiler les Indiens. Ils ont plutôt décidé de les exterminer. Les gouvernements Américains ont signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les ont tous violés, sans exception. Les Étasuniens ont extorqué les territoires indiens. Lorsque autochtones se soulevaient et refusaient d'être évacués, la guerre était déclarée. Mais face aux armes à feu de la cavalerie étasunienne, les arcs et les flèches des Indiens ne faisaient pas le poids. Ainsi, les Mohicans ont été décimés jusqu'au dernier. Le morceau honore ceux qui sont tombés en défendant les terres de leurs ancêtres. Le compositeur nous fait plonger dans un abîme de mélancolie, nous file la chair de poule, et nous amène à réfléchir à propos des questions existentielles sur le droit de propriété. À la première écoute de cette flûte enchantée, mon âme se fissure en deux. Cet instrument est à lui seul vecteur d'émotions. La musique est aussi belle que douloureuse. Elle a quelque chose de vertigineux. L’auditoire, formé principalement des descendants des colons, est conquis. Comme le mentionne Jonathan Littell dans son récit « Les Bienveillants », « Les bourreaux ne parlent pas ; ils n'ont pas de paroles. ». Lorsque la musique parle, les vieux se réduisent au silence. Ils veulent rompre avec un passé pas très reluisant. Pendant que les uns lèchent avec sang-froid de la crème glacée pour se rafraîchir, d’autres prennent des photos avec le virtuose. Ils ne le lâchent pas d’une semelle.  D’après Robert Brasillach, « L'histoire est écrite par les vainqueurs. » Les canons américains se sont imposés et le massacre de Wounded Knee a clos le chapitre des « guerres indiennes ». Pouvons-nous imaginer le contraire ? Le monde d’aujourd’hui, pourrait-il se passer des États-Unis, cette nation à la pointe de la technologie qui approvisionne le monde en produits alimentaires, pharmaceutiques, militaires, et cinématographiques ? Les citoyens Américains d'aujourd'hui veulent même défendre la terre contre les extraterrestres. Ils ont lancé une pétition officielle qui appelle à construire « l'Étoile Noire », une sorte de base spatiale inspirée de Star Wars, l’incarnation absolue de la fantaisie populaire.

Si les autochtones avaient encore la possession de leurs terres, en feraient-ils un bon usage ? Quel apport auraient-ils à notre vie contemporaine ? Les tribus isolées existent bel et bien aujourd’hui. Mais, personne n’en parle parce qu’elles ne sont d’aucune valeur aux yeux de la société actuelle. Les premiers colons européens étaient pour la plupart morts de faim. D'autres buvaient de l’eau souillée. La vie ne leur a pas fait de cadeaux et les indigènes ne les ont pas accueillis à bras ouverts. Au cours de l’hiver 1609-1610, surnommé « le temps de la famine », presque tout le monde était mort. Ceux qui ont survécu s’étaient adonnés au cannibalisme. Les survivants auraient travaillé d’arrache-pied pour surmonter les difficultés. Ils sont parvenus tout de même à bâtir une nation impérialiste au bout de quelques piètres siècles. Revenons à la scène. La foule fait l’aumône à l’artiste. Comme le mentionne Sidali Kouidri Filali : « Ils te volent ton pain, t’en donnent des miettes, ensuite ils te demandent de les remercier pour leur générosité … Quelle insolence ! » L’artiste se donne du mal pour leur offrir un spectacle de qualité. Implicitement, il se soumet à la domination des conquérants. Cent ans plus tard, les Palestiniens joueront-ils de la musique pour les Sionistes ?

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 21:46

Lettre ouverte à tous les consuls du monde, aux conseillers des affaires étrangères, aux autorités consulaires, qui disposent d’un large pouvoir d’appréciation pour accorder ou refuser les visas.

Madame le Consul Général, Monsieur le Consul Général,

Vous êtes des hauts dignitaires et vous formez une élite sociale qui a gravi à grandes foulées tous les échelons. Il n’y a pas l’ombre d’un doute que vous êtes assez compétents pour occuper de tels postes où des décisions cruciales et décisives doivent être prises au quotidien. Je sais que vous êtes suffisamment occupés, que votre agenda est bien rempli et que vous n’avez pas le temps de lire ce message qui a pour objectif de discuter le processus d’octroi de visas et de voir les choses sous différents angles.

Il est tout à fait naturel de vous fonder légalement sur toute considération d’intérêt général avant de trancher sur chaque demande de visa. Il est de votre devoir de protéger vos frontières, l’intégrité territoriale et la souveraineté de votre pays. Votre mission implique la défense des hauts intérêts de votre patrie. Vous rendez un sacré beau service à votre peuple.

Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Sans vouloir vous offusquer, je trouve votre manière, votre procédure, votre démarche, appelez-la comme vous voulez, d’octroi de visa, un peu louche. Nous sommes tous d’accord qu’il faut suivre les démarches administratives qui commencent par la préparation du dossier, la prise du rendez-vous, le paiement de la demande, et l’attente du temps qu’il faut pour étudier et traiter chaque demande à part. Il n’est pas question de manquer de vigilance sur une affaire aussi délicate. Ce que je désapprouve est le refus systématique et la stigmatisation d’une race, d’une nationalité, d’une nation ou même d’une tribu en mettant en avant l’ordre public, l’argument sanitaire, le risque de de dépassement de durée de visa… Derrière une nébuleuse de justificatifs vraisemblablement corrects, se cachent les vrais motifs de refus : Bourdes et tensions diplomatiques, chantages, coups bas et règlements de comptes politiques, xénophobie, et autres vérités qui dérangent et qui font mal si elles sont rendues publiques. Je juge injuste la sanction de tout un peuple à cause d’une bavure isolée de l’un de ses dirigeants politiques. Pour n’en citer qu’un exemple, les Tunisiens en situation régulière sont systématiquement détenus et malmenés, sans fondement juridique, par les autorités serbes à l’aéroport de Belgrade. Certains sont violentés par les autorités sécuritaires de l’aéroport pour avoir refusé de signer la décision de leur extradition vers la Tunisie. Cette affaire intervient sur fond de tension entre les deux pays après que Belgrade a unilatéralement imposé un visa aux Tunisiens. Une situation de tension amplifiée par les derniers flux de migrants tunisiens qui empruntent irrégulièrement le chemin de la Serbie pour gagner les pays de l’Union européenne par les Balkans. Le châtiment collectif ne mène nulle part et il faut s’attendre à un retour de manivelle. Le durcissement d’octroi des visas pour les maghrébins n’est pas sans conséquence.

Nina Kacew qui avait la France chevillée à l'âme n'était pas française. Pourtant, elle a offert à la France ce qui est de plus beau en elle ; son fils bien-aimé Romain Gary qui est devenu l'Homme aux casquettes multiples. Il a été successivement aviateur, résistant, romancier, diplomate, scénariste et réalisateur.  Décoré de la Croix de guerre, il était également l'unique écrivain à avoir obtenu deux prix Goncourt. Pal Sarkozy, l'immigré hongrois passionné de peinture, n'a-t-il pas offert à la France un président qui a fait partie des meilleurs pour incarner la droite ? Soyons clairs ! Quelle est la faute de celui qui désire embrasser votre culture et plonger dans l’histoire de votre pays ? N’a-t-il pas le droit de scruter de près votre civilisation, votre mode de vie, vos monuments historiques et vos sites patrimoniaux ? Comme le précise Jules de Gaultier, « Le monde est une scène à regarder et non un problème à résoudre. » Pourquoi donner du fil à retordre aux mordus de liberté, aux citoyens du monde faiseurs de paix ? Pourquoi tournez-vous le dos à ceux qui saluent vos remarquables contributions à l’humanité ? L’attractivité de votre pays, n’est-elle pas un titre de gloire ? Le charme et l’hospitalité de votre peuple ne sont-ils pas une source de fierté pour vous ? Étiqueter votre pays comme un « pays de chance » ne permet-il pas d'apaiser vos jeunes qui sont en proie de doute concernant l'avenir de leur pays ? Chaque immigré rêve d’une vie meilleure. Il est un libérateur de son arbre généalogique. En voyageant, il essaye de concrétiser les désirs non réalisés, de relancer les rêves inachevés et d'exprimer les talents frustrés de ses ancêtres. Vous pouvez éteindre toute lueur d’espoir par simple interdiction de visa. L'être humain est plus qu'un bout de paperasse. À mon avis, le demandeur de visa doit être tenu de se présenter personnellement aux services consulaires. Au lieu de lire un dossier muet, prenez la peine d’écouter celui qui désire débarquer dans votre pays. Accordez-lui un entretien. Laissez-lui l’occasion de faire ses preuves et de vous montrer ce qu’il a dans le ventre. Regardez-le dans les yeux et vous trouverez les réponses à toutes vos questions. Une personne peut maquiller son dossier. Toutefois, son discours ne peut pas tromper votre vigilance. Comme le mentionne Mustapha Radid, « Se trouve dans le fleuve ce qui est introuvable dans l'océan. ». Un immigré peut apporter une touche singulière à votre pays et combler le vide du marché du travail. Il est injuste pour un demandeur de visa de se lever de bonne heure, de se déplacer jusqu’au consulat, de déposer le dossier, de payer les frais et d’attendre plusieurs jours pour voir enfin sa demande se heurter à un refus. La personne qui aspire à un visa de long séjour est déjà mal dans sa peau. Elle ne voit pas le bout du tunnel dans son pays qui le met au pied du mur. Il ne lui reste qu’une possibilité ; boucler sa valise et partir pour de bon. En cas de refus, la morsure de déception fait mal. Elle laisse des séquelles. Comme le dit le proverbe Birman : « Si vous acculez un chien à un coin et que vous le battez, le chien vous mordra. » L’enceinte de l’ambassade n’est pas un lieu sûr. Elle peut être prise d'assaut par des militants, une invasion qui se solde parfois par la mort de diplomates. L’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi illustre bien à quel niveau l’hostilité et la haine peuvent monter.

Vous avez peut-être oublié la loi de Goodhart qui indique que « lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure. » Plus vous renforcez vos frontières, plus votre pays connaîtra des vagues d'immigrants clandestins. Un effet cobra se produit. C'est vrai que la Tunisie traîne dans la remise de laissez-passer consulaires nécessaires à la reconduite de ses ressortissants présents en situation irrégulière sur le territoire Français. Quant à la France, elle riposte en appliquant des contrôles renforcés des dossiers avec des délais de traitement allongés, ce qui aboutit à un taux de refus que la Tunisie ne connaissait pas auparavant. Les demandeurs de visa payent les frais de la méconduite de leurs compatriotes clandestins. Les ressortissants africains sèment la pagaille dans les pays européens. Ils ternissent l’image de ces pays. Dans certaines situations, ce que font les sans-papiers tient du miracle. Les vrais héros ne portent pas de cape. Un violent incendie s'est déclaré dans un immeuble d'Aubervilliers en France. Deux tunisiens en situation irrégulière ont défié le bâtiment en feu. Ils ont risqué leurs vies pour sauver celles des Français de souche. Un Malien de confession musulmane, dépourvu de titre de séjour en règle, a sauvé la vie des citoyens français juifs en les cachant dans la chambre froide de l'hypermarché Casher à la Porte de Vincennes lors de la prise d’otages sanglante orchestrée par Amedy Coulibaly, un vrai français, mais malheureusement ennemi de la France. L’égalité des chances doit être votre devise. Retirez la nationalité de ceux qui naissent sur votre territoire et qui portent atteinte à l’intégrité de votre pays et accueillez à bras ouverts ceux qui rêvent de s’installer chez vous pour faire progresser votre adorable pays.

Celui qui voit sa demande de visa acceptée doit mesurer la chance qu’il a. Il devient en quelque sorte l’ambassadeur de son pays. Il est appelé à montrer le bon exemple et à véhiculer une bonne image de son pays.  En tant qu’invité, il doit respecter son hôte en se soumettant, de plein gré, à ses lois et règles. Il faut qu’il fasse de son mieux pour s’adapter au mode de vie de la population locale. Réussir son intégration passe obligatoirement par le gagne-pain. Il a intérêt à travailler à plein régime dans le secteur formel.

Ça fait mal au cœur de voir de bonnes personnes se prendre un râteau au lieu d’obtenir un visa. Il serait judicieux de lever les barrières, de baisser cette énorme différence de potentiel, cette haute tension qui menace d’électrocuter votre sécurité nationale. Tirez profit de ces nouveaux arrivants. Ils peuvent aider à remédier à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, qui constitue un sérieux problème pour vos entreprises essoufflées. Les petites mains étrangères renforcent le tissu économique de votre pays en acceptant d'occuper les emplois subalternes et mal payés que vos concitoyens refoulent. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon, « Sans ses travailleurs immigrés, la France ne tournerait pas. » Les demandeurs de visas ne sont pas des mendiants qui demandent l'aumône. Optez pour un choix gagnant-gagnant et faites d'une pierre deux coups. Ayez plus de souplesse dans le traitement de dossiers de visas et soyez plus fermes avec les immigrés clandestins qui vous posent problème. Il y a de la place pour tout le monde si l’on veut bien partager.

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 13:27

 

  • Découvrez la face cachée de la Lune, le revers de la médaille !
  • Apprenez à connaître les points faibles du locataire de l’Élysée, sa personnalité vagabonde et son esprit étriqué.
  • Découvrez les ficelles de la sale besogne, les passe-droits, les détournements de fonds, comment les dirigeants cravatés s'enrichissent sur le dos des pauvres.
  • Cherchez l’erreur entre les profils de deux dirigeants : Sarkozy et Ben Ali.
  • Découvrez les véritables causes de l’indignation tunisienne pour en déduire les raisons de la vôtre.
  • Éclairez-vous sur la manipulation, l’hypocrisie, et la duplicité du langage.
  • Découvrez comment les dictateurs font prédominer l’intérêt personnel sur l’intérêt général dans cet ignoble jeu d’intérêts.
  • Éclairez-vous sur le train de vie exubérant de ces cinglés au pouvoir, à qui vous donnez vos voix dans les scrutins de vote.
  • Renseignez-vous sur la vanité, la vacuité de leurs discours et leur incapacité à tenir leurs promesses.
  • Découvrez leurs bilans catastrophiques et leurs échecs attestés par les chiffres.
  • Apprenez à critiquer vos gouvernants plutôt qu'à répéter bêtement ce qu’ils disent.
  • Réclamez vos droits au lieu de vous résigner au silence.   
  • Du Sarkostique, il y en a, mais il s’agit surtout d’un essai d’information en vue de vous déciller les yeux.

 

Découvrez ce qui vous échappe dans ce lien :

 

Sarkozy, le Ben Ali de la France

 

 

 

 

 

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 17:13

Rares sont les chercheurs qui troquent la pipette pour la plume afin de raconter leurs histoires. Les avancées de la science sont publiées dans des revues spécialisées destinés aux scientifiques d'où la nécessité de créer un lien entre le laboratoire et le grand public. La vulgarisation scientifique recrée des liens entre deux mondes, la science et la littérature, qui ont rompu leurs amarres depuis bien des lustres. Le proverbe africain dit que « Le jeune marche plus vite, mais le vieux connait le chemin. » Ici, le jeune et le vétéran se complètent. Leur synergie a porté ses fruits. L’un a fourni une information scientifique de qualité et l’autre a ajouté une touche poétique à l’ouvrage. Dans le livre « L’éternelle jeunesse : l’art de bien vieillir », l’ambition rencontre l’expérience. La littérature raconte la science.  Le livre est pluriel et transfrontalier, passant indifféremment du domaine de la physiologie à celui de la psychologie. C'est une traversée pluridisciplinaire des frontières spatiales qui séparent les aires culturelles où l’Occident et l’Orient alternent les passages.

Certes, bien vieillir est un art qui se cultive tout au long de notre vie. Depuis toujours, bonheur et santé sont liés. Il n'est guère possible d'être heureux en étant malade. Le capital santé est même plus important que le capital financier. Peter Lawrence Smedley, un riche homme d’affaires australien atteint de la maladie du neurone moteur, a décidé de mettre fin à sa vie par suicide assisté. Dans l’école du jardin fondée par Epicure, la vie heureuse est une association d’aponie et d’ataraxie. L'aponie est l'absence de troubles physiques et l'ataraxie signifie la tranquillité de l'âme. Rien ne peut mieux illustrer la couverture de l’ouvrage que l’image du fabuleux phénix, un oiseau de feu noble et sacré qui, doué d’une longévité exceptionnelle, vit dans un monde parfait, exempt de maladies et de maux. Sa perfection est telle qu’il n’en existe qu’un seul. Il n’a aucun congénère, ni descendant. Il est très indépendant et ne se laisse jamais apprivoiser. Son principal pouvoir consiste à renaître de ses cendres. Tel qu'un phénix, chacun de nous doit, dans chaque étape de sa vie, apprendre à se reconstruire en valorisant ses propres ressources.

Le livre détaille les mécanismes génétiques, cellulaires et psychosociologiques du vieillissement et explique les facteurs susceptibles de nous faire basculer un jour dans la dépendance. En fait, le corps humain est une merveille complexe de la nature. Il est le siège d'une destruction et d'un renouvellement permanents des cellules qui le constituent. Bichat avait défini la vie comme étant « l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort ». L’être vivant déroule sa vie en fonction de son inéluctable fin et il ne peut la réaliser qu’au prix d’une lutte permanente. La structure et la fonction de l’organisme sont ainsi le fruit de multiples équilibres qui évoluent dans le temps. L’organisme s’inscrit au carrefour de trois processus biologiques intimement liés. Le premier processus trouve sa source à l’origine même de la vie par l’émergence de molécules puis de cellules qui détiennent le capital génétique de la vie et de ses potentialités. Le deuxième processus traduit et spécifie le message génétique pour construire un être vivant par une succession des étapes de différenciation, caractéristiques de l’espèce et de l’individu. Le troisième processus résulte des interactions que l’être vivant établit avec son environnement. Ces interactions créent le registre des relations dont l’être vivant dispose pour s’inscrire et communiquer dans le temps écologique et socio-culturel de son environnement. La vie sera la résultante de ces trois processus réalisés dans des vecteurs de temps différents. De leurs dynamiques, naît le caractère individuel et original de chaque être vivant et de son vieillissement.  Gagner ou perdre le pari d'un « vieillissement réussi » dépend de notre compréhension de ces trois processus, comme si nous disposions à notre naissance d’un capital de vie dont la gestion bonne ou mauvaise pouvait allonger ou raccourcir notre temps de vie, nous faisant bénéficier des intérêts ou nous handicapant de dettes.

« L’Éternelle jeunesse : l’art de bien vieillir » est à la fois un ouvrage d’information et un guide pratique. Il déchiffre le jargon médico-scientifique et met en lumière les dernières avancées de la recherche concernant le vieillissement. Le travail ouvre également des perspectives sur le phénomène du vieillissement démographique et son poids grandissant qui pèse sur les assurances, le système de retraite et l’économie qui souffre encore des séquelles de la crise.

Il ne s'adresse pas seulement à un public averti mais aussi au grand public avide de savoir.

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:24

En cercle restreint, la Tunisie d'en haut s’apprête à célébrer les fêtes de fin d'année 2010. Une nouvelle année au pouvoir n'a rien d'inconstitutionnel pour un président qui a été réélu avec 89% des voix en 2009, un score sans appel mais pour la première fois en dessous de la barre des 90%. Cette fois-ci, la destination vedette est Dubaï, l’escapade de luxe parfaite pour une famille qui ne regarde pas à la dépense. Se rendre à Dubaï est une tâche fort ardue pour les Tunisiens d'en bas, mais l'accès est beaucoup plus facile pour la sphère diplomatique à passeports violets. À l’abri des regards indiscrets, le clan Ben Ali débarque à Dubaï pour s'adonner à une séance shopping haut de gamme et assister à un spectacle grandiose de feux d'artifice. Le président ne compte pas louper les festivités. Il accompagne sa famille. La presse ne couvre pas l'évènement. Sous silence des médias locaux, la villégiature se passe dans un black-out total. La chaîne mauve « Tunis 7 » démontre des anciennes activités officielles, un président en train de gesticuler sans jamais faire entendre sa voix.   À brûle-pourpoint, un embêtant coup de téléphone vient perturber les belles vacances du président. On lui apprend qu’un vendeur ambulant de légumes s’est immolé par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. « Qu’il crève ! », telle était la réaction du régent de Carthage qui ne juge pas l’évènement suffisamment grave pour annuler ses vacances. Le lendemain du sinistre, on annonce au président, qui a des yeux partout, que quelques manifestants se sont rassemblés dans la région de Sidi Bouzid pour protester contre le chômage et la précarité sociale. « Dispersez-les, répond le président, par des coups de matraque ». Le jour suivant, on lui fait savoir que le mouvement populaire s'est élargi à plusieurs localités de Sidi Bouzid. Fou furieux, il décide de rentrer en Tunisie et prendre les choses en main tandis que sa famille est restée à Dubaï. Dès son arrivée, il prononce un premier discours dénonçant les protestations, qu’il renvoie à une ingérence étrangère. Décevant, le discours ne parvient pas à contenir l'indignation populaire. Monsieur le président tente de réprimer la mobilisation par la force. Il donne les directives aux forces de l’ordre pour que l'on assiège le gouvernorat : Plus personne ne sort, plus personne ne rentre. Le mouvement prend de l’ampleur. Il gagne les localités de Thala et Feriana dans la région de Kasserine avec la reprise scolaire. Chamboulé, l’hyper-président appelle l'armée à la rescousse pour mater l’insurrection populaire dans les villes de Kasserine, Thala et Sidi Bouzid. Mais, Rachid Ammar, le chef d’état-major de l’armée de terre, refuse de tirer sur la foule, une décision qui n’est pas du goût de Ben Ali qui limoge le général séance tenante et l’assigne à résidence. « Je m’en occuperai plus tard. J’ai d’autres chats à fouetter maintenant », a songé Ben Ali. L’impitoyable sécurocratie qui a fait le plus clair de sa carrière dans des ministères régaliens, l’Intérieur et la Défense, recourt à des tactiques brutales contre les émeutiers. Ses hommes font usage de gaz lacrymogène périmé et procèdent à des arrestations de masse. Ils tirent même à balles réelles pour disperser les manifestants. On déplore plusieurs dizaines de morts. Comme le dit Jean-Paul Sartre, « Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces. ». Ben Ali cherche à étouffer toute velléité de révolution. Le régime doit tenir le coup quitte à sacrifier quelques âmes au passage. Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), un parti quasi unique au pouvoir, s'affaire dans les coulisses. Le 14 janvier, alors que l'avenue Habib Bourguiba était pleine à craquer, une foule de six cents personnes au moins, armée de quelques bâtons et autres produits d'artisanat, se rassemble devant le siège du RCD à l'avenue Mohamed V. Elle attend le feu vert pour prêter main forte à la police dans sa lutte contre-subversive.

Le chaos gagne les rues. Les protestataires jettent des pierres sur les forces anti-émeutes. Les pillards profitent du couvre-feu pour voler. Ils sèment la terreur dans tout le pays : pillages, destructions, incendies. Les opposants politiques exilés surfent sur la vague des manifestations pour porter le coup de grâce au régime. Ils luttent depuis l’outre-Méditerranée à travers les plateaux télévisés et les réseaux sociaux afin de mettre la situation à leur profit. Les militants locaux se réduisent, en majorité, au silence. Devant les consulats de la Tunisie à l’étranger, les ressortissants tunisiens manifestent en solidarité avec la contestation populaire alors que d’autres pays arabes, tels que le Maroc, par peur de contagion, ont empêché les sit-in de soutien aux Tunisiens. À l’intérieur du pays, la répression policière s’intensifie et le bilan humain s’alourdit. Isolé dans son palais, le président commence à perdre les pédales. Il enchaîne les remaniements ministériels et les remplacements des gouverneurs. Sur le net, une guerre cybernétique oppose les militants de la liberté et la cyberpolice de Ben Ali. L’État policier cherche par tous les moyens à museler la critique et l’information alternative en ligne. Le 6 janvier, il procède, par un coup de filet, à une vague d’arrestations de jeunes blogueurs et militants bien connus pour leur engagement.  Internet, et en particulier la plateforme de réseau social Facebook, a été très largement utilisé par les Tunisiens pour contourner la censure et la propagande qui dominent dans les médias du régime.  Ben Ali a même voulu brouiller le signal d’Al-Jazira qui, en braquant sa caméra dès les premières heures sur les mouvements populaires, était le fer de lance de la révolution tunisienne. Il condamne le recours de cette chaîne à l’amplification et la déformation des faits dans sa couverture des événements sociaux légitimes et pacifiques, et l’accuse d'amateurisme puisque, à son sens, elle ne fait pas le poids face à ses médias violets.

Dans le palais, les nouvelles qui tombent ne sont pas rassurantes pour le président qui suit minutieusement les évènements. Ses jours à la tête de la Tunisie sont comptés. Sur terrain, la mobilisation s’accroît et s’étend à tout le pays, grandes villes ou communes rurales. Les milliers de Tunisiens qui ont envahi la rue répètent à tue-tête le même slogan et la même revendication : le départ de Ben Ali. Dans la capitale Tunis, la démonstration de force met un terme à tout espoir pour le dictateur. Des dizaines de milliers de Tunisois bravent les forces de l’ordre afin de réclamer son départ, devant le ministère de l’Intérieur. Les insurgés se vengent de la famille honnie. Ils font sortir les habitants des villas des Trabelsi et Ben Ali, pillent, saccagent, puis mettent le feu. Le président prononce un autre discours. Il multiplie les engagements et les concessions dans une ultime tentative de calmer la colère de la rue tunisienne à qui il promet la liberté. Hélas, le discours ne convainc pas les Tunisiens qui estiment que les mesures annoncées par Ben Ali sont importantes, mais arrivent trop tard. Ali Seriati, le directeur général chargé de la sécurité présidentielle, contraint Ben Ali à quitter le pays pour quelques heures afin que les services de sécurité puissent déjouer le complot et garantir sa sécurité. Le général se veut rassurant. Le départ du président est provisoire, le temps que la situation se décante et s’apaise. « La révolution du jasmin » est un moment magique pour la plupart des Tunisiens qui respirent à pleins poumons, pour la première fois, le parfum de la liberté. D'autres, plus sceptiques, évoquent un complot qui se solde seulement par  la destitution de la tête du régime et que la révolution n'apporte pas les changements souhaités.

Le temps s’écoule constamment et ne fait jamais marche arrière. L'inexorable fuite du temps n’empêche pas un retour sur le passé afin d’imaginer les scénarios qui auraient pu se produire. Par un heureux concours de circonstances, le destin de la Tunisie bascule. Il faut que toutes les conditions soient réunies pour que la révolution réussisse. Si l’une des conditions fait défaut, le dénouement heureux n’est plus assuré. La Tunisie, le « bon élève » de la transition démocratique dans le monde arabe est à la croisée des chemins. Le moindre faux pas peut plonger le pays dans le chaos.

Revenons aux premiers jours d’émeutes et rappelons que le chef d’État était parti fêter un réveillon mémorable à Dubaï. Au début, il n’a pas prêté attention au suicide du jeune Tunisien. Il était loin, très loin, de penser que ce fait divers a sonné le glas de ses vingt-trois années de règne sans partage. Ce n’est que le 28 décembre 2010, onze jours après l’incident, que Ben Ali, à l’occasion d’une première allocution télévisée, s’engage enfin à répondre aux revendications des manifestants. Il se rend dans la foulée au chevet du corps agonisant de Mohamed Bouazizi. La photographie soigneusement orchestrée par le service de presse de la Présidence tunisienne aura des effets contraires à ceux qui étaient escomptés. C’est un face à face dérisoire, obscène, cynique, d’un tyran singeant la compassion devant la dépouille de celui qui sera à l’origine de sa perte. Point ultime du mensonge d’État et paroxysme de la comédie de la compassion, le grand spectacle de l’humanité de la peine est ainsi perverti par une mise en scène cruelle, un truquage délibéré, qui ne fonctionne plus. tant la personne du Président est discréditée.  Sa réaction apparait tardive et décalée. Le vendeur ambulant est probablement déjà décédé suite à ses blessures, Ben Ali est le figurant d’une rencontre ratée.

Pendant près de six mois à partir de Janvier 2008, de graves troubles sociaux ont secoué le bassin minier, une région du sud-ouest tunisien particulièrement touchée par le chômage, le dénuement et la marginalisation. En Août 2010, des affrontements entre Tunisiens et forces de l’ordre ont fait des blessés dans la région de Ben Guerdane, dans le sud de la Tunisie, à une trentaine de kilomètres de la Libye, après la fermeture, imposée par les autorités libyennes, du seul point de passage frontalier entre la Tunisie et la Libye aux habitants de Ben Guerdane voulant introduire des produits importés. En Mars 2010, Abdessalem Trimech, un jeune homme âgé de trente-et-un printemps, vendeur ambulant de friandises, a mis fin à sa vie en s’aspergeant d’essence puis en se transformant en torche humaine, à l’intérieur du siège du gouvernorat de Monastir. L’incident n’a pas suscité de vives réactions malgré l’apparition d’une page Facebook à son nom : « Tous ensemble avec Abdessalem Trimech ».

L'acte d'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi aurait pu tomber dans les oubliettes comme ses prédécesseurs. La cause la plus probable de l’échec de Ben Ali à réprimer la révolution de 17 Décembre 2010 est le manque de réactivité, le retard de la réponse qui a traîné face au fléau s’élançant à la conquête de tous les recoins du pays. Trimech avait plus de chance que Bouazizi d’allumer une insurrection pour son appartenance à une famille de sportifs de haut niveau. En effet, son frère Ahmed Trimech est basketteur et sa sœur Ibtissem Trimech est jeune rameuse médaillée d’or et d’argent aux Jeux africains d’Alger en 2007. Cependant, la prise au sérieux du suicide du jeune père de famille Trimech, l’anticipation préalable et la mise en place des dispositions sécuritaires fermes ont tué dans l’œuf l’ébauche d’une probable révolution. Ben Ali s’est empressé de rencontrer le père et le frère de la victime et a choisi les menaces de mort en guise de condoléances, s’ils s’avisaient de s’exprimer. À l’instant même de l’indicent, les forces de police ont quadrillé la ville, voitures blindées ratissaient les artères principales, policiers en civil patrouillant dans les sentiers et ruelles. La ville était dans le collimateur des autorités. Pendant les funérailles de Trimech, certains ont essayé de s’infiltrer à l’intérieur du bâtiment du gouvernorat de Monastir. D’autres ont arraché les plantes qui l’entourent. Le cordon de police renforcé diligemment par un régiment armé de Bop a mis la situation sous contrôle. L’inhumation de la victime est marquée par une très grande présence sécuritaire. Ben Ali et ses subalternes ont bien manigancé et la stratégie a apporté son fruit : L’information n’a pas circulé. Le régime vacillant a dû soupirer. De même pour le soulèvement populaire de la région du bassin minier et de Ben Gardane, la prise en charge précoce et la répression sauvage des insurgés, dont deux jeunes au moins ont été tués par la police et des dizaines étaient blessés, a étouffé la torche d’une rébellion avant qu’elle puisse incendier d’autres lieux. Les meneurs du mouvement, traduits en justice, ont été taxés d’une affligeante peine de prison. L’engourdissement du régime et son hésitation à « faire le nécessaire » en réponse à la tentative de suicide de Bouazizi, que les médias violets l’ont qualifiée de « cas isolé », a rendu la révolution incontournable. Le manque d’une riposte immédiate, d’un agissement prudent, d’un vaccin antiémeute de la part du président qui, à ce moment précis, se baladait dans les hôtels de luxe à la « ville de l’or », tous ces facteurs étaient déterminants du sort de la mutinerie et du peuple qui l’a fabriquée. Les vacances intempestives payées aux frais publics étaient une lacune meurtrière du régime. L’absence de Ben Ali est au soulèvement populaire ce qu’est au feu le vent ; il éteint le plus petit et attise le plus grand.

 Un autre facteur limitant, sans lequel la révolution ne pourrait pas avoir lieu, serait assurément la contagiosité de l’acte révolutionnaire. Si les autres régions n’avaient pas fait preuve de solidarité et n’ont pas couru au secours de Sidi Bouzid, les premiers récalcitrants auraient suffoqué et la lueur du changement n’aurait jamais apparaitre. En effet, plusieurs unités policières ainsi que militaires ont cerné la zone brûlante pour faire de Sidi Bouzid un terrible camp de concentration. Le poids des gardiens de la paix était suffisant pour écraser les mutins dont le slogan a progressé de  la revendication de droits sociaux au changement politique intégral. Les Tunisiens ont prêté l’oreille à l’appel de détresse de Sidi Bouzid, ont amplifié la clameur des émeutes pour donner du fil à retordre aux forces de l’ordre. À 24 décembre 2010, déjà avant la première manifestation officielle du dictateur, la révolution s’est étendue à Menzel Bouzaïane, banlieue de la ville de Sidi Bouzid. À partir de 3 janvier 2011, la mutinerie a migré à tout le centre-ouest du pays ; Thala, Regueb, Kasserine... La police ébranlée tirait anarchiquement à balles réelles. Le ton est donné : la désobéissance civile s’est métamorphosée en une révolution au sens sémantique du mot. Quelques jours après, la rébellion a recueilli des nouvelles recrues du pays entier. Le voilà désorienté, sans repères, accablé par l’idée d’une cession du pouvoir, si chèrement acquis grâce à un coup d’État audacieusement accompli au risque de perdre la vie, notre Ben Ali n’a pas pu renouer avec son glorieux passé, son palmarès exceptionnel en l’assujettissement des velléités de contestation publique. En 1984, Mohamed Mzali, Premier ministre de l’époque a convoqué Ben Ali, qui était ambassadeur à Varsovie, suite aux émeutes sanglantes du pain pour le désigner comme Directeur de la Sûreté nationale. Il voyait en lui un répresseur par excellence, unique en son genre. Ses qualités en la matière lui ont permis d’être promu ministre de l’Intérieur puis d’être « élu » président de la République.

La solidarité révolutionnaire des compatriotes aux habitants de Sidi Bouzid est allée de pair avec l’accessibilité des moyens de communication, notamment téléphone portable et toile. Nul n’ose rapetisser le rôle joué par les outils de transmission dans la narration de l’évènement qui a atteint une audience mondiale. Le monde entier était tout yeux tout oreilles à l’évènement tunisien.

Imaginons si Ben Ali, le benêt, a eu l’inspiration de briser tous les moyens de communication disponibles à l’instar de Khadhafi qui, pendant la révolution libyenne, a coupé l’internet, a rendu impossible les communications téléphoniques avec l’étranger et a brouillé la chaîne Al-Jazeera. Imaginons si Ben Ali, le sot, avait l’éclair de génie d’assécher toutes les sources du pays ; eau, électricité et communications téléphoniques, à l’image de la violente réplique d’al-Assad aux séditieux syriens. Si les réseaux de communication, efficiente alternative à la désinformation officielle, procédé capital de rassemblement et de coordination entre les insurgés, étaient cavalièrement rompus, le soulèvement populaire aurait été anéanti. Toute voix discordante aurait été bâillonnée.

« C’est l’armée qui a lâché Ben Ali quand elle s’est refusée – à l’inverse de la police du régime – à faire tirer sur la foule », a déclaré l’ex-chef d’état-major et ex-ambassadeur en Tunisie, l’amiral Jacques Lanxade. Nul n’ose omettre le rôle héroïque joué par la grande muette notamment la décision courageuse de Rachid Ammar, Chef d’état-major de l’armée de terre, l’homme fort de la révolution, qui a eu l’audace de s’opposer à Ben Ali, alors courroux et incompréhensif. Ben Ali a appelé l’armée à la rescousse pour dompter la rébellion jusque-là fomentée dans seulement les régions intérieures du pays. Le général a accepté de poster des soldats afin de tempérer les ardeurs. Il a rappelé son supérieur, le Chef suprême des forces armées, que l’armée est là pour défendre l’État des agressions extérieures, chasser les intrus et terroristes, mais ouvrir le feu sur les citoyens est complètement inadmissible. La non-intervention de l’armée a évité une horrible hécatombe. Personne ne peut oublier l’odieux « Jeudi noir » de 26 janvier 1978 où les manifestations pacifiques se sont transformées  en un drame sanglant. La police, inhabitée à affronter un tel tumulte populaire, s’est effacée devant l’armée qui a pris la relève pour rincer les lieux. Le bilan en pertes humaines était lourd, si écrasant qu’on ne comptait pas moins de mille deux cents victimes. Aussi, l’armée est intervenue avec des blindés lors des émeutes de pain en 1984. La récupération de l’ordre public était aux dépens de plus que cent cinquante morts et des centaines de blessés. Imaginons que l’armée a intégralement traduit en actes les ukases de Ben Ali qui était déterminé à bombarder les révoltés du quartier de Kasserine par les forces de l’Armée de l’air Tunisienne. Imaginons que les soldats ont reçu l’ordre d’estourbir tout ce qui bouge dans les rues. Quel serait le prix de la révolution ? Cette dernière, aurait-elle sa fin heureuse telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Le pays, serait-il affranchi de la persécution, dont sa figure emblématique Ben Ali ? On est tenté de répondre par la négative.

Pendant les évènements, lorsque l’agitation a culminé à un niveau irréversible, les services de renseignement se sont trouvés perplexes, inaptes à démêler le vrai du faux quand la rumeur venait de s’ajouter funestement à la vérité. Entre rumeur et tumeur, une seule lettre diffère. La rumeur est un cancer de la parole. L’on-dit circulant d’une manière incontrôlable a métastasé l’insurrection. Le terrain étant pêle-mêle, la salle d’opérations était désemparée et impuissante à mener des minutieuses opérations coup-de-poing, à réagir stratégiquement et contrer l’assaut populaire. La confusion régnait et aucun appareil de l’État ne pouvait prétendre que la situation était sous son contrôle. Très haut dans la sphère de l’État, la confusion a grimpé jusqu’au délire pur et dur. La mauvaise lecture et interprétation de ce qui se déroule, l’hallucination chevillée à la raison, l’appréhension et le surmenage ont conduit le Chef de la garde présidentielle à raconter à son patron des salades. L’une des histoires les plus impensables de 14 janvier 2011 est celle de l’hélicoptère planant au-dessus du palais, muni de militaires cagoulés chargés de descendre le président. Ben Ali, crédule aux bobards de son officier, a appelé Ridha Grira, ex-ministre de la Défense, pour lui faire part de ses inquiétudes concernant cet hélicoptère. Ce dernier a démenti l’information en rappelant que seul le président de la République peut autoriser, par écrit, le décollage des hélicoptères militaires. Ali Seriati a affolé Ben Ali en lui racontant qu’il y avait soixante mille manifestants devant le ministère de l’Intérieur alors qu’il y en avait dix fois moins. Il lui a annoncé le regimbement de la brigade anti-terroriste et l’arrestation de quelques membres de sa famille et de sa belle-famille à l’aéroport. En exploitant la crainte de son patron, l’officier « sécurocrate » du Palais de Carthage a jeté un véritable épouvantail aux yeux de Ben Ali, contraint à se dissocier du pouvoir. L’arrestation hâtive de Seriati a voilé ses véritables intentions et a tué la poule aux œufs d’or. Ses vrais motifs seront connus à l’issue de l’enquête judiciaire en cours. Lors d’une des audiences au tribunal militaire, Ali Seriati a déclaré en substance : « L’ancien président Zine El Abidine Ben Ali n’a jamais voulu s’enfuir et quitter la Tunisie. C’est moi qui l’ai forcé et poussé dans l’avion pour partir le 14 janvier 2011 ». Selon lui, avoir forcé Ben Ali à quitter le pays a permis d’éviter « un bain de sang » à la Tunisie. Admettons cette hypothèse qui semble prévaloir sur les autres causes qui ont confectionné l’évasion du dictateur. Si Ben Ali s’est entiché au fauteuil présidentiel et a décliné toute proposition de renoncer au pouvoir, que se passerait-il ? La placide Tunisie aurait sombré dans le sang, le vandalisme et l’anarchie. Rappelons le paradigme libyen où l’opiniâtreté de Kadhafi a glissé le pays dans les gouffres d’une guerre civile sans merci, aggravée par une ingérence militaire internationale. Heureusement pour la Tunisie que son ex-président était, à l’inverse de Kadhafi, froussard. L’attachement de Ben Ali au trône aurait entrainé son pays dans une dépression sans pareille, une récession qui donnerait l’eau à la bouche aux forces impérialistes convoitant intensément « la perle de la méditerranée ». La France n’hésiterait pas à imposer un deuxième protectorat au « pays-esclave » qui se vante d’avoir décroché sa «  pseudo-indépendance » depuis la moitié du XXe siècle. Quant aux États-Unis, il s’en est fallu d’un cheveu qu’ils concrétisent le rêve d’instaurer une base militaire en Tunisie.

Le colonel Sami Sik Salem a dû attendre une année pour que l’État puisse reconnaitre son bravoure  lié à la décision judicieuse et téméraire qu’il a entrepris, la nuit de 14 janvier, juste après l’escapade du despote. Alors que le chaos était le maitre de la situation, Le colonel s’est affairé à combler le vide politique en choisissant d’appliquer la procédure constitutionnelle en cas de vacance du pouvoir et a convoqué Mohamed Ghannouchi, ex-Premier ministre, Fouad Mebazaa ex-président du parlement, Abdallah Kallel, ex-président de la chambre des conseillers pour diffuser un discours télévisé mentionnant que Mohamed Ghannouchi assurera provisoirement les fonctions du président de la République. Le lendemain, le peuple tunisien mécontent a revendiqué l’application de l’article 57 de la Constitution pour rayer définitivement le possible retour de Ben Ali au pouvoir. Ainsi, Fouad Mebazaa est devenu président par intérim.

À l’inverse de Samir Tarhouni, « superman de 14 janvier », pompeusement médiatisé pour avoir orchestré l’arrestation de certains proches de Ben Ali à l’aéroport, Sami Sik Salem était taciturne et a refusé de déballer des balivernes concernant son agissement patriotique. 

Au lieu d’être promu et gratifié, Sami Sik Salem était arrêté pour seize jours, sans savoir pourquoi, avant d’être libéré. Seulement en janvier 2012, le président Moncef Marzouki a annoncé qu’il a alloué au colonel Sami Sik Salem le grade de colonel major et l’a nommé conseiller auprès du président de la République chargé de la direction générale de la sécurité du chef de l’État et des personnalités officielles.

Imaginons que le colonel Sami Sik Salem n’a pas pris cette mesure courageuse, que se passerait-il ? Son supérieur Ali Seriati guettait le pouvoir. La Tunisie était livrée aux pillages et à la destruction. Manufactures, kiosques, palais de finance, office de police, tribunaux, magasins, entrepôts,… tous ont subi des incursions si ce n’est qu’en flammes qu’ils étaient réduits. Qui a donné l’ordre à l’armée de sécuriser les quartiers et répondre aux appels de détresse des citoyens agressés, si ce n’était que Mohamed Ghannouchi ? Qui a permis à la Tunisie de sortir la tête de l’eau, alors dévastée d’une fermentation ensanglantée, si ce n’était que la durabilité des rouages de l’État et le respect de la constitution ? Jetons un coup d’œil sur le putsch de Mali de 22 mars 2012. Regardons comment la suspension de la Constitution par la junte militaire qui a squatté le palais présidentiel de Bamako a noyé le pays dans le désordre, la déprédation et l’insécurité. La fermeture des frontières a asphyxié l’économie malienne. La diplomatie internationale a arboré son déplaisir et son refus de coopérer avec les putschistes. L’Afrique arriérée continue à offrir au monde l’image peu reluisante d’un archaïsme et d’un anachronisme propice à une recolonisation impérialiste. La franc-maçonnerie du nouvel ordre mondial œuvre consciencieusement sur cette affaire. Aiguisant l’appétit, les richesses de l’Afrique font l’objet d’un projet secret connu sous le nom du « projet Camelot ». Après avoir exterminé les Africains, le continent serait partagé entre les héritiers occidentaux. Déjà, l’Afrique est proie à un interventionnisme accru.

Les Tunisiens n’ont pas oublié les jours de braise qui se sont ensuivis de la fuite de Ben Ali. Les voyous, à qui s’additionnent les criminels libérés par le directeur de la prison de Mahdia le 15 janvier 2011, vagabondaient dans les rues. Les milices du rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), la police politique, mercenaires, tireurs d’élite et alliés encore fidèles à Ben Ali et sa famille circulaient librement dans les artères du pays, terrorisaient les citoyens en massacrant froidement des âmes candides. Beaucoup d’armes à feu ont été volées des postes de police attaqués et pillés.  L’atmosphère était peinte d’une panique intense qu’on en avait le souffle coupé. Slim Chiboub, le gendre de Ben Ali, a affirmé que huit cent voitures bourrées d’explosifs ont été disséminées à travers tout le pays, principalement à Tunis, par les dirigeants de la police tunisienne. Ayant pris l’aveu au sérieux, l’armée a passé la capitale au peigne fin. Devant cette situation cauchemardesque, des comités de quartiers se sont formés, en seulement vingt-quatre heures, partout dans le pays. La population civile était à bout de nerfs. Elle a elle-même érigé un système de sécurité d’une fiabilité sans faille. Des barrages ont été étalés à l’entrée des quartiers. Chaque véhicule est obligé de s’arrêter pour la fouille. Les jeunes, armés de bâtons, de couteaux et de fusils de chasse, se sont tenus en faction et coordonnaient harmonieusement avec l’armée, seule institution légitime dans ces moments.  

Les comités de quartiers, constitués à l’improviste, ont vaillamment avorté, contre toute attente, un complot qui s’est tramé dans l’ombre pour maintenir le pays dans le chaos. La vigilance et la solidarité des Tunisiens venaient compromettre ce projet pernicieux. Certaines milices ont été arrêtées par les comités de quartiers et tant d’autres ont abandonné l’acheminement de la conspiration visant la sûreté de l’État. Si ces comités ne se sont pas formés, la révolution ne connaîtrait jamais son élan pacifique qui a ahuri le monde.

Et pour finir, un dernier élément, pas moins important que les autres, a joué en faveur de la révolution tunisienne. Lequel ? C’est la révolution libyenne, sans doute. Elle aurait évité un scénario crument sanglant en Tunisie. Comment ?

Après la renonciation au pouvoir, Ben Ali a trouvé un asile magnanime à l’Arabie Saoudite. Il s’est adonné à la lecture et la prière, une vie paisible d’un vieillissant qui attend la fin de ses jours. Quant à son épouse Leïla, elle avait du mal à avaler la pilule. Elle, qui a songé depuis toujours à prendre le relève à son mari, n’a pas accepté l’amère réalité de déguerpir du palais aussi précocement. L’indigestibilité de la confiscation du pouvoir par le peuple tunisien et la capture des êtres qui lui sont chers ont incité l’ex-reine de Carthage à prendre sa revanche sur ses ennemis. Dès la fuite de son époux le 14 janvier, elle s’est mise très vite en cheville avec Kadhafi pour reconquérir la Tunisie. Début février 2011, le dictateur libyen avait déjà formé une armée de trente mille mercenaires du Tchad, Niger, Somalie, Serbie,… pour ramper sur Tunis. Kadhafi, enviant la Tunisie depuis son coup d’État contre l’émir Snoussi, ne s’est pas lassé de pourchasser son aspiration profonde, tantôt diplomatiquement, tantôt militairement. Le 12 janvier 1974, Kadhafi et Bourguiba ont signé à Djerba sur un papier sans en-tête de l’Ulysse Palace l’union mort-née de la Tunisie et de la Libye. Hédi Nouira, Premier ministre de l’époque, a émis des réserves, ou plutôt a opposé énergiquement son veto à l’union projetée. Les évènements de Gafsa en 1980, action commando menée par la Libye dans la ville de Gafsa, témoignent l’irrésistible envie de joindre la Tunisie à la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. Pour le colonel Kadhafi, l’échappée de Ben Ali s’est avéré un terrain propice à l’éclosion de son vieux rêve. La grande muette tunisienne constituée de seulement trente-six mille gendarmes ne résisterait point à l’assaut. Kadhafi a promis Leïla de vandaliser la Tunisie, la transformer en  un champ de ruine qui ferait un tapis rouge à la reine pour recouvrer le pouvoir. Malheureusement pour elle, Kadhafi s’est servi de ses trente mille mercenaires pour organiser sa défense contre l’insurrection libyenne. Au terme de la guerre, il a fini par être enseveli dans un linceul.

La sédition libyenne, une grâce tombant du ciel, survenant au bon moment, a aboli le plan machiavélique qui a allié Leïla à Mouammar. À faute de quoi, un malheur sans pitié s’abattrait sur la chanceuse Tunisie, s’échappant de justesse d’un désastre effroyable.

Sans que la liste soit exhaustive, ces quelques éventualités auraient été susceptibles de basculer la révolution de jasmin dans un détour infernal, semé de mines, très dissemblable à ce qu’on contemple à l’occurrence.

 

 

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 21:33

L'auteur :


Achref SNOUSSI est un être humain qui a connu précocement les brusques contrastes des sentiments. Après avoir écrit « La braise d’amour et de la vengeance », premier roman autobiographique, il renouvelle l’expérience et réarrange le puzzle pour recréer l’image originale de ses réminiscences dans un deuxième roman intitulé
« Le brandon de la passion ». Humaniste et idéaliste, il a décelé les injustices de la vie et a compris que l’ère actuelle ne nous offre que des scènes du malheur, un diable noir qui a envahi tous les recoins habitables de la terre. Dans cette perspective défaitiste, l’auteur a fait une autoévaluation dans un mouvement introspectif remontant jusqu’au berceau d’une tendre enfance, passant par le frémissement d’une adolescence en verdure, et finissant par un ternissement psychologique âpre au commencement de sa maturation. A travers des pages bondissantes, l’auteur revivifie les histoires anciennes, les évènements majeurs de sa vie et toutes les choses qui ont bousculé sa quiétude au fil des années. Les blessures rouvertes, les égratignures à jamais soignées, et les chocs émotionnels éternellement gravés, enchevêtrés avec une brise parfumée soufflant sur des moments doucereux, ont tous chatoyé les souvenirs ainsi que des cristaux de diamant. L’entourage a été décisif dans l’élaboration de la personnalité de l’auteur. La famille et l’environnement dans lequel il a vu le jour ont influencé le cours de l’histoire. L’empreinte de la vie scolaire, siège de la majorité des activités enfantines, est également indélébile. Le côté affectif, suffisamment prononcé dans ce texte, reflète le double aspect de l’amour chaste ; une rose éthérée qui captive par la splendeur de ses pétales et qui fait saigner au toucher par sa tige urticante.

L'ouvrage :


Quand l’amour, le sentiment le plus noble évoqué dans tous les arts terrestres, se réduit à sa dimension juvénile, et lorsqu’il commence à palpiter les cœurs innocents dès l’aurore de la vie, il dépeint sa valeur inestimable d’une exhalation éthérée. L’auteur divulgue ici son expérience personnelle quand la passion a remué son cœur à plusieurs reprises désespérées et quand le flot des émotions débordantes s’est éclaté dans son cœur pour jaillir dans les pages d’un passé fugitif. Balloté entre les déchirures et le rêve, il se trouve trahi par sa langue qui n’a pas trouvé l’essor à l’expression. Néanmoins, son élan frénétique lui a tendu la main pour l’aider à écrire en survolant, loin de tous les désirs charnels qui ont souillé la terre, dans l’Elysée de tout ce qui est pur et angélique. Dans cette tentative de détresse, il met en lumière la tension entre souffrance et bonheur qui l’a accaparé depuis sa tendre enfance jusqu’au goût du jour. Ecartelé entre le rêve et la réalité, il s’exprime et revendique, d’une voix plaignante et saccadée, une passion inconcevable mais vraie.

 

Liens :

 

Ebook *LE BRANDON DE LA PASSION* Achref SNOUSSI 2010 LuLu


ou

 

Ebook *LE BRANDON DE LA PASSION* Achref SNOUSSI 2010 Edition 999

 

 

Bonne lecture !

 

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