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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 19:12

Le lien de la vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=93wGaGFUnTs&feature=share

Cette vidéo me fascine. Elle donne libre cours à mon imagination qui se noie dans un tourbillon de questions. Qui détient vraiment la vérité ? Qui a tort ? Qui a raison ? À qui appartient ces terres ? À côté de la prestation acoustique impeccable, où il n’y a rien à reprocher, l’image est très expressive ici. On peut voir, d’un côté, un Indien titulaire d'un droit ancestral, et, de l’autre côté, des Blancs qui ont confisqué de force les terres de ses ancêtres. Tout le monde connait la Conquête de l’Ouest, cette guerre aux feux mal éteints. Avides de richesses, les conquistadors ont débarqué sur les rives du Nouveau Monde, à la quête d’une « Terre promise » où coulent le lait et le miel. Ils n'ont pas trouvé l'Eldorado, mais ils ont arraché aux Incas et aux Chibchas des monceaux d'or. Cinq siècles de massacres, d’exploitation, de négation durant lesquels les autochtones ont été dépossédés de tout, de leurs terres, de leurs cultures et de leurs langues qu’il leur fut quasiment interdit de parler. Les peuples du soleil qui aimaient la vie et la paix s’inspiraient de la « Pachamama » pour jouer des airs rythmiquement complexes, mais beaux à couper le souffle. Dans cette scène, on voit le très distingué compositeur de la musique amérindienne Alexandro Querevalú. Né à Lima, au Pérou, et émigré en Pologne à 18 ans, il est résolument dans l'ancien camp. Vêtu du costume des tribus amérindiennes, flûte à la main, il interprète un air émouvant de la musique indigène de l'Amérique du Nord. Le spectacle est grandiose. Plein de vie, le jeune musicien dégage beaucoup d’émotion avec son cri de cœur. Le titre annonce bien la couleur. « The Last of the Mohicans » est un morceau qui transperce le cœur. C’est aussi une façon de plaider la question indienne autre que le mouvement « Red Power ». Il y a quelques siècles, le major-général Sheridan a pris la direction des guerres indiennes. Sa formule apocryphe : « Un bon Indien est un Indien mort » reflétait l’état d’esprit dominant chez les Étasuniens de l’époque qui ont renoncé à civiliser ou assimiler les Indiens. Ils ont plutôt décidé de les exterminer. Les gouvernements Américains ont signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les ont tous violés, sans exception. Les Étasuniens ont extorqué les territoires indiens. Lorsque autochtones se soulevaient et refusaient d'être évacués, la guerre était déclarée. Mais face aux armes à feu de la cavalerie étasunienne, les arcs et les flèches des Indiens ne faisaient pas le poids. Ainsi, les Mohicans ont été décimés jusqu'au dernier. Le morceau honore ceux qui sont tombés en défendant les terres de leurs ancêtres. Le compositeur nous fait plonger dans un abîme de mélancolie, nous file la chair de poule, et nous amène à réfléchir à propos des questions existentielles sur le droit de propriété. À la première écoute de cette flûte enchantée, mon âme se fissure en deux. Cet instrument est à lui seul vecteur d'émotions. La musique est aussi belle que douloureuse. Elle a quelque chose de vertigineux. L’auditoire, formé principalement des descendants des colons, est conquis. Comme le mentionne Jonathan Littell dans son récit « Les Bienveillants », « Les bourreaux ne parlent pas ; ils n'ont pas de paroles. ». Lorsque la musique parle, les vieux se réduisent au silence. Ils veulent rompre avec un passé pas très reluisant. Pendant que les uns lèchent avec sang-froid de la crème glacée pour se rafraîchir, d’autres prennent des photos avec le virtuose. Ils ne le lâchent pas d’une semelle.  D’après Robert Brasillach, « L'histoire est écrite par les vainqueurs. » Les canons américains se sont imposés et le massacre de Wounded Knee a clos le chapitre des « guerres indiennes ». Pouvons-nous imaginer le contraire ? Le monde d’aujourd’hui, pourrait-il se passer des États-Unis, cette nation à la pointe de la technologie qui approvisionne le monde en produits alimentaires, pharmaceutiques, militaires, et cinématographiques ? Les citoyens Américains d'aujourd'hui veulent même défendre la terre contre les extraterrestres. Ils ont lancé une pétition officielle qui appelle à construire « l'Étoile Noire », une sorte de base spatiale inspirée de Star Wars, l’incarnation absolue de la fantaisie populaire.

Si les autochtones avaient encore la possession de leurs terres, en feraient-ils un bon usage ? Quel apport auraient-ils à notre vie contemporaine ? Les tribus isolées existent bel et bien aujourd’hui. Mais, personne n’en parle parce qu’elles ne sont d’aucune valeur aux yeux de la société actuelle. Les premiers colons européens étaient pour la plupart morts de faim. D'autres buvaient de l’eau souillée. La vie ne leur a pas fait de cadeaux et les indigènes ne les ont pas accueillis à bras ouverts. Au cours de l’hiver 1609-1610, surnommé « le temps de la famine », presque tout le monde était mort. Ceux qui ont survécu s’étaient adonnés au cannibalisme. Les survivants auraient travaillé d’arrache-pied pour surmonter les difficultés. Ils sont parvenus tout de même à bâtir une nation impérialiste au bout de quelques piètres siècles. Revenons à la scène. La foule fait l’aumône à l’artiste. Comme le mentionne Sidali Kouidri Filali : « Ils te volent ton pain, t’en donnent des miettes, ensuite ils te demandent de les remercier pour leur générosité … Quelle insolence ! » L’artiste se donne du mal pour leur offrir un spectacle de qualité. Implicitement, il se soumet à la domination des conquérants. Cent ans plus tard, les Palestiniens joueront-ils de la musique pour les Sionistes ?

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